Je suis retourné voir ma source et voici ce qu'il en ressort :
On l'appellait le bon dieu de "Spinou"En 1937, un certain Jules Buisseret rend l'âme sur un lit de l'hôpital psychiatrique de Saint-Hubert. Fumiste pour les uns, guérisseur de bonne foi selon les autres, on l'appelait
le bon dieu d'Epinois. Début du siècle passé, des trains débarquaient quotidiennement cinq cents personnes en gare de Ressaix; des autocars venaient de partout. Belges, Anglais, Français,... se pressaient devant la porte de la rue de la Buissière à Epinois, dans l'espoir de recouvrer la santé.
Etait-il un mystificateur de génie, comme le prétendent les historiens ? Ce rebouteux que les beaux esprits n'ont jamais pris au sérieux inspire pourtant encore aujourd'hui la crainte et le respect parmi les personnes âgées qui l'ont connu. Et la seule évocation de son nom enferme ceux qui l'ont approché dans le mutisme.
Des Juifs le prennent pour le MessieOn sait, en définitive, peu sur
le bon dieu d'Epinois. Un historien a toutefois épinglé quelques anecdotes surprenantes. On rapporte qu'un ambassadeur juif envoyé de Palestine était chargé d'examiner s'il s'agissait du Messie. On dit aussi qu'à l'issue d'un entretien secret avec lui, le curé du village s'est exclamé :
"Il est moins malin que mon chien mais pour en faire croire, il est fort !" On sait, en outre, que son sobriquet était
Baguette. Ecolier, il avait protesté avec un groupe de condisciples devant la maison communale, suite au licenciement d'un instituteur. Las de ne pas être reçus par les édiles, les élèves ont mis les bouts, à l'exception du petit Jules qui est resté, un bâton à la main.
Jules Buisseret ne menait pas une existence recluse, et allait volontiers à la messe. Il connaissait bien les plantes. Il lisait énormément. De tout. La Bible. Des livres pieux. Mais aussi un livre occulte, interdit par l'église catholique. Un manuel maléfique qu'il faut lire jusqu'à la dernière page et qui rend fou, s'il n'est pas saisi...
Cet étrange guérisseur fort controversé était bien sûr la proie de plaisanteries. En 1907, le théâtre de La Louvière présentait la revue de Philippe Muller, spectacle dans lequel était inséré un tableau ridiculisant
le bon dieu de Ressaix . Cet intermède sera d'ailleurs repris en 1991 dans la pièce de Jean-Luc Pierart.
Un Jules qui dérangeait ?Mais c'est dans un asile pour aliénés
que le bon dieu d'Epinois s'est éteint. S'il s'est retrouvé là, c'était à cause d'une cabale montée contre lui.
Il dérangeait les gens après tout...
(issu d'un article de 1991)