Nos appareils condamnés à mourir jeunes javascript:emoticonp('
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Source: L'Avenir -17.12.2011
Martial DUMONT
Les biens de consommation ont une durée de vie de plus en plus limitée.
NAMUR - L’obsolescence programmée des biens pousse à la consommation et au gaspillage.Un rapport accuse.
On a tous eu un jour le sentiment que notre téléphone ou notre lave-vaisselle ne duraient plus aussi longtemps qu’avant.
Rassurez-vous : ce n’est pas qu’une impression. Le phénomène est bien connu et porte même un nom : l’obsolescence programmée. Le but est, après un certain temps, de rendre un bien inutilisable ou irréparable pour vous forcer à acheter du neuf.
Ce n’est pas nouveau. L’obsolescence programmée remonte à l’avènement de la production de masse et de la société de consommation. En 1924, déjà, les principaux fabricants d’ampoules électriques s’étaient secrètement mis d’accord pour limiter la durée de vie des bulbes à 1500 puis 1 000 heures alors que les premières ampoules atteignaient allégrement les 2 500 heures. Dans les années qui suivirent, plusieurs brevets d’ampoules très longue durée allaient être déposés (100 000 heures) : leur commercialisation n’eut jamais lieu…
Pire : lors de la Grande Dépression aux États-Unis, un homme d’affaires (Bernard London), dans un livre intitulé « La Nouvelle prospérité » proposait carrément de limiter la durée de vie des biens de consommation afin de booster l’industrie à la ramasse.
Depuis, l’obsolescence programmée a fait florès. Aujourd’hui, elle est même systématisée : appareils ménagers, téléphones, télévisions ont une durée de vie limitée. Que le consommateur ne connaît évidemment pas.
Un rapport de l’association « Les Amis de la Terre » et du CNIID (Centre national d’information indépendante sur les déchets) stigmatise la pratique et dénonce ses dérives : hausse de la consommation, épuisement des ressources naturelles (extraction de matière multipliée par 8 entre 1900 et 2000 !), prolifération des déchets.
Le rapport relève également deux types d’obsolescence : l’obsolescence technique (impossibilité de réparer), et l’obsolescence psychologique (l’appareil tombe comme par hasard en panne au moment où il perd son attrait et où une autre mode est lancée). Le problème, ajoute l’étude, c’est que la consommation à outrance se voit renforcée par l’indifférence générale du public face à cette obsolescence précoce.
Les solutions selon les auteurs de l’enquête : imposer aux fabricants l’affichage de la durée de vie des produits, étendre la garantie sur les biens de consommation à 10 ans, soutenir la fabrication de produits durables et réparables.
Partant de ce rapport, Écolo et Groen ont décidé de passer à l’offensive chez nous en proposant trois textes à la Chambre. Qu’ils espèrent être votés rapidement… avant qu’ils ne deviennent obsolètes.¦