Mon arrivée au CHLEM

Originaire de Mont Ste Aldegonde mais ayant quitté la région depuis plus de 45 ans pour me fixer au nord de Bruxelles, dans le Brabant maintenant flamand, je suis passionné d’Histoire depuis toujours. Et je n'ai jamais perdu de vue ma région natale puisque toute ma famille y a habité et ceux qui restent y habitent encore.
C’est à Trahegnies, chez ma sœur et son mari, qu’il y a 5 ou 6 ans j’ai découvert pour la 1ère fois la revue d’Histoire locale « Par Mont et par Vaux ». J’ai par sa lecture retrouvé ou découvert des bribes oubliées de l'histoire de la région.
Il était plus que temps que quelqu'un s'y mette car beaucoup de faits + ou - marquants de la petite histoire de nos villages ont disparus sans avoir été noté par qui que ce soit et sont donc définitivement perdus.
Il n’y a pas eu personne jusqu’à présent à ma connaissance, sauf pour Leval-Trahegnies qui a la chance d'avoir MM. Lemaire et Burgeon, auteurs des Miettes Levalloises, d’historien qui se soit penché sérieusement et en profondeur sur l’histoire de nos gens.
Par exemple, et pourtant pas si loin de nous, la dernière guerre et la Résistance dans la région n’ont pas eu leur historien et les faits qui se sont passés alors n'ont pas été sauvés de l’oubli avant la mort de la plupart des protagonistes qui auraient pu en dire long sur leur guerre. Pourtant, la région a eu son lot de martyrs et de héros, mais aussi, hélas, de traîtres et de collaborateurs. Ils sont tous maintenant, bons ou mauvais, tombés dans l’oubli le plus total car rien ou presque n’a été écrit sur cela.
Il y a aussi l'histoire encore à écrire de nos charbonnages, briqueteries et autres verreries, ateliers et cimenteries, tous disparus en n'ayant laissé que quelques ruines et quelques souvenirs chez les plus anciens. Et bien d'autre chose encore...
C’est pour aider à sauver ce qui peut encore l’être que je suis devenu membre du Chlem et je félicite et admire les quelques volontaires du début qui se sont attelés à sauver de l’oubli la mémoire de nos villages. Il est très important pour les générations futures de ne pas perdre totalement la mémoire de leurs prédécesseurs.

Pour ce qui est de la résistance et de la collaboration, j'ai beaucoup d'infos... impubliables ! Pourquoi ? Parce que la loi ne nous le permet pas. Et c'est normal.
Il faut attendre 100 ans après la mort des protagonistes pour pouvoir publier les noms sauf si ceux-ci ont déjà fait l'objet d'une publication, dans un journal par exemple.
Pour la collaboration, nous en sommes donc réduits à ce que les journaux de l'époque ont publié. pas grand'chose.
Pour la résistance, c'est encore plus compliqué et de nombreuses zones d'ombre ne seront jamais dissipées. Il était très difficile de faire parler les résistants. Ils s'étaient en effet rendus compte que tout n'était pas bon à dire et que des actes que l'on qualifiait, dans cette période troublée, d'héroïques étaient en fait pour le moins des conneries.
Prenons un exemple parmi tant d'autres: le fameux 21 juillet 1944. En quoi le fait de déposer des fleurs sur le monument aux morts mais surtout le fait de tirer en l'air sur la place communale de Leval aidait en quoique ce soit l'effort de guerre allié ? Tout ce que l'on risquait c'était de s'attirer les représailles des Allemands et des collabos, avec le risque de cela finisse comme à Bande. Léon Lefebvre est mort pour rien. Voilà la triste vérité.
Ceci ne retire en rien le courage de ceux qui ont réellement participé à une résistance efficace. Ils ne furent pas nombreux. Et c'est surtout des autres que l'on a parlé, hélas. Voilà ce qui explique le silence des vrais résistants. Ils ne voulaient pas être assimilés aux partisans de la victoire voire aux bandits qui, sous le couvert de la Résistance, ont commis des actes répréhensibles. Le vrai courage est modeste. Les vrais avaient fait ce qu'ils considéraient comme leur devoir. Ils ont pleuré leurs morts en silence et ont caché leurs actes. Là se trouve toute la difficulté après tant d'années écoulées et l'absence, évidemment d'archives. Comment séparer le bon grain de l'ivraie ?

Patrice nous rappelle à juste titre que:
"...hélas. Voilà ce qui explique le silence des vrais résistants. Ils ne voulaient pas être assimilés aux partisans de la victoire voire aux bandits qui, sous le couvert de la Résistance, ont commis des actes répréhensibles. Le vrai courage est modeste. Les vrais avaient fait ce qu'ils considéraient comme leur devoir...."

Mon père, qui fut avec son frère (abattu par les rexistes avec 2 autres du Groupe G à Anderlues en juillet 1944), un des quelques résistants de Mont Ste Aldegonde n'a jamais voulu me raconter sa guerre. Le peu que j'en ai su, j'ai dû le déduire de ce dont je me souviens de ses rares conversations avec un de ses amis ancien résistant nommé Jules 'Paulin' Baras, de Binche, dans les années '50/60. Et aussi des bribes que j'ai péniblement réussi à lui extraire aux forceps dans les dernières années de sa vie.

Alors qu'il était déjà atteint de la maladie qui allait l'emporté, un journaliste ou un historien (je ne souviens plus exactement) avait voulu l'interviewer sur cette période mais il l'a remballé sans y mettre de gants, ne voulant absolument rien dire sur ses actions ou celle de son groupe.

Par contre, les 'résistants de la 25e heure', comme papa les appelaient, ne se sont pas privés de commentaires et ils étaient les premiers à porter le drapeau aux manifestations patriotiques. Voir un exemple de ces individus dans l'article de Gilbert paru dans la dernière revue du CHLEM !!

C'est vrai que, comme dirait le copain Bart, "Nihil nove sub sole" !

Pour les infos impubliables que tu possède sur la période, je suis intéressé comme bien tu penses!
Peux-être pourrais-tu me communiquer ce que tu peux à titre privé, en dehors de ce forum ?