Qu'est-ce que la poliomyélite ?
Il s'agit d'une maladie très contagieuse provoquée par un virus qui envahit le système nerveux et peut entraîner en quelques heures une paralysie totale. Il pénètre dans l'organisme par la bouche et se multiplie dans les intestins. On observe dans les symptômes initiaux, de la fièvre, de la fatigue, des céphalées, des vomissements, une raideur de la nuque et des douleurs dans les membres. Une paralysie irréversible (des jambes en général) survient dans un cas sur 200. Entre 5 et 10% des patients paralysés meurent lorsque leurs muscles respiratoires cessent de fonctionner. La polio touche principalement les enfants de moins de 5 ans.
Comme il n'existe pas de traitement, la prévention constitue la seule option. L'administration du vaccin à plusieurs reprises confère à l'enfant une protection à vie.
Le fléau a trouvé son maître
Le 12 avril 1955, le virologue Thomas Francis annonçait les résultats tant attendus d'un essai médical sans précédent, mené tambour battant sur 2 millions d'enfants volontaires, les "Polio Pioneer" (pionniers de la polio). Le vaccin contre la poliomyélite mis au point par Jonas Salk était-il efficace ? Oui. La nouvelle éclata à la Une de toute la presse américaine, alors qu'avec l'été se profilait une nouvelle saison d'infection par le virus de la polio. Le vaccin reçut aussitôt une autorisation de mise sur le marché.
La vaccination contre la polio, qui permit d'éradiquer cette maladie aux Etats-Unis dès 1979 puis dans les pays développés , a été mise au point dans un contexte de ferveur populaire mais aussi de bataille rangée entre scientifiques. Deux écoles s'étaient lancées dans la course. Jonas Salk, élève du Pr Francis, croyait en un vaccin fabriqué à partir d'un virus inactivé. A l'opposé, Albert Sabin décriait cette idée et travaillait à la mise au point d'un vaccin contenant le virus vivant atténué. Il aboutira en 1958.
Si la rivalité entre les 2 hommes a été très forte à l'époque, leurs méthodes sont finalement devenues complémentaires. Les deux sont aujourd'hui utilisés: le vaccin oral de Sabin (OPV), le vaccin injectable de Salk (IPV). Pour sa campagne d'éradication de la polio dans les pays en développement, l'OMS utilise le vaccin oral qui a l'avantage d'induire une production d'anticorps dans l'intestin (là où le virus commence sa réplication), d'être plus facile à administrer et moins cher.
Des chiffres contestés
Où en est la lutte contre la polio ? Pas évident à trouver la vérité. L'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) se contredit dans ses chiffres. La version officielle veut que la poliomyélite soit en voie d'éradication. Elle ne sévirait plus que dans 7 pays contre 125 en 1988. A savoir le Nigeria, l'Inde, la Pakistan, l'Egypte, le Niger et l'Afghanistan. Si je compte bien, cela en fait 6. Qui est le 7ème ? Toujours selon l'Oms, la polio aurait diminué de plus de 99 % (sic) depuis 1988, passant de 350.000 cas estimatifs à 1919 déclarés en 2002 (au 16/04/2003). Un bémol toutefois, malgré d'intenses campagnes de vaccination, une augmentation de cas recensés dans le monde entre 2001 et 2002 a été constatée. En 2002, 1919 cas ont été déclarés contre 483 en 2001. Cette recrudescence est due à une épidémie en Inde et à un nombre supérieur au Nigeria.
Seulement voilà, selon le Nouvel Observateur du 16/01/2004, à la fin du 20ème siècle, 10.000 nouveaux cas de poliomyélite seraient recensés par an et autant de non répertoriés selon les chiffres de... l'OMS !
Bref, le fléau n'est pas encore terrassé. Et pourtant, selon le Rotary International, il s'en faut de 150 millions de dollars pour que la polio soit définitivement vaincue. Une misère à l'échelle internationale.
Et en Belgique ?
Chez nous, le vaccin est obligatoire depuis 1966 et le dernier cas recensé date de 1979. Nous avons fait aussi bien que les States !
En savoir plus ?
Je vous invite à vous rendre sur les sites de l'OMS, de l'UNESCO et de Radio Canada. Ce dernier vous propose 10 petits extraits sonores et/ou visuels sur le sujet.
Patrice.